Ministère : Carole Drucker-Godard (directrice de cabinet), Dominique Malroux et Rayan Nezzar (directeurs de cabinet adjoints), Olivier Salerno (conseiller budget), Emmanuelle Walret (DAF), Christophe Géhin (DGESCO).Toutes les OS présentes (FSU, Unsa, FO, CFDT, SNALC, CGT Educ’action, Sud Education)En introduction, le ministère a dit être très attentif au caractère inédit et intersyndical de cette alerte sociale et sa volonté de mener un dialogue franc et sincère en étant à l’écoute. Puis le cabinet a pointé la hausse de crédits obtenue par le ministère (en la comparant à celle obtenue par Jean-Michel Blanquer en 2019 quand les effectifs élèves augmentaient…), en la mettant en parallèle avec la situation financière du pays, qui implique de faire des efforts. Tous les ministères sont mis à contribution et le cabinet estime que l’Éducation n’est pas celle qui perd le plus.
La suppression de 4000 emplois est à mettre en lien avec les évolutions démographiques car selon le cabinet les évolutions démographiques se traduisent dans les évolutions de postes. Le ministère insiste sur le fait que cela aurait pu être davantage et rappelle que le taux d’encadrement à la prochaine rentrée sera supérieur à celui de l’an dernier.Pour la FSU
– premier degré :
Nous avons rappelé le cadre inédit de cette alerte sociale intersyndicale mais également le caractère réglementaire avec la nécessité de produire un relevé de conclusions qui devra être publié et visible pour l’ensemble des personnels. Pour la FSU-SNUipp, la baisse démographique ne justifie pas ces 3155 fermetures de postes qui vont se traduire par des milliers de fermetures de classes. Alors que cette baisse aurait dû bénéficier à l’école pour abaisser le nombre d’élèves par toujours à la traîne par rapport aux autres pays de l’OCDE et de la moyenne de l’UE25. Nous avons interrogé le ministère pour demander où ces postes seront supprimés : remplacements (alors que des centaines de classes sont sans enseignant chaque jour), frais de déplacement (alors que les personnels se déplacent actuellement à leurs frais), Éducation prioritaire ou milieu rural. La communication du ministère qui consiste à faire croire aux médias que le budget de l’EN est en hausse est intolérable et nous avons insisté sur le fait que le ministère de l’EN est celui qui paye le plus lourd tribut des réductions budgétaires. Nous avons fait remarquer que la mesure corrective sur les postes l’année passée en ramenant à -650 postes après vote du budget avait eu pour conséquence de prendre « un crédit » sur l’année 2025 et qu’il était nécessaire de revoir le nombre de fermetures de postes avant le vote du budget. Enfin, les revalorisations salariales restent absentes de ce budget alors que les milieux de carrière n’ont pas été revalorisés.
– Pour les collèges et LGT : nous avons rappelé que la hausse du budget en euros courants n’était que de 0,18 % et de PLF à PLF, hors pensions, seulement de 266 millions d’euros et non 864 millions d’euros comme le dit la ministre. Nous avons dénoncé les suppressions d’emplois prévues. La FSU a rappelé que la France avait les classes les plus chargées d’Europe en collège, et que si le ministère avait suivi les évolutions démographiques, il y aurait eu des créations d’emplois ces 7 dernières années puisque nous avons gagné 7441 élèves et perdu 8865 postes. Il est donc indispensable de créer des emplois pour profiter de la baisse démographique, diminuer les effectifs dans les classes, améliorer les conditions de travail des personnels et d’études des élèves. Pour le 2d degré, il faut créer un peu plus de 10000 ETP pour retrouver le taux d’encadrement de 2017. La FSU a également dénoncé l’absence de toute nouvelle mesure salariale dans le PLF 2025, soulignant que répéter dans 10 paragraphes tout ce qui a été fait ces dernières années n’en fait pas des mesures nouvelles pour 2025. Le Pacte n’est pas de la revalorisation contrairement à ce que prétend encore le ministère. Il y a urgence à prendre des mesures sans contreparties pour toutes et tous et à améliorer les carrières des personnels. Nous avons aussi rappelé l’importante crise que traverse l’Ecole qui nécessite des mesures fortes en étant à l’écoute des personnels et des OS.
– Pour les LP : nous avons insisté sur l’argument fallacieux de la baisse démographique qui est bien un choix politique puisque les effectifs augmentent encore dans les lycées professionnels mais de nouvelles suppressions d’emplois sont prévues au budget 2025. Aussi, la généralisation des prép-2de nécessitera près de 4000 postes qui devront être pris en LGT et LP, bien que ce dispositif ne soit pas mentionné pour les LP dans le budget. Nous avons dénoncé le gel du budget pour les frais de déplacement, notamment en LP alors que ces dernières années ce budget était déjà insuffisant et que leur réforme augmente le nombre de périodes en entreprises. Les éléments développés pour l’enseignement professionnel restent des intentions politiques sans étude d’impact et sans bilan de la première année de la réforme (dispositifs, pacte LP…). Nous avons demandé la publication du rapport de l’inspection générale et des données disponibles.
Toutes les organisations syndicales ont dénoncé le coup de massue des 4000 postes supprimés, le caractère inacceptable au regard de ce qu’est la réalité du terrain et des conditions de travail. Toutes ont réfuté l’argument démographique.
Le ministère a fini par reconnaître que c’était des choix politiques qui présidaient aux évolutions d’emplois et non uniquement la démographie, tout en insistant sur le fait que cela aurait pu être pire et qu’ils avaient largement contribué à améliorer les demandes initiales de Bercy. Le ministère s’est ainsi vanté de la restitution de 50 % des postes qui auraient dû être supprimés dans le second degré ! (375 à l’origine et finalement 180) et du maintien, voire de l’amélioration du taux d’encadrement. Ils se sont félicités une fois de plus des postes créés dans le premier degré depuis 2017 en éducation prioritaire qui ont permis d’avoir un « taux d’encadrement favorable » depuis.
Sans remettre en cause nos chiffres sur l’évolution du budget, ni décrire une situation « idyllique », le cabinet assure que la situation n’est pas si mauvaise. Le pacte a été vanté comme un outil ayant un certain succès puisque des collègues sont volontaires pour le prendre alors « que personne ne les y oblige », ce qui a suscité de vives réactions de plusieurs OS dont la FSU en rappelant ce que le Pacte fait à nos métiers. Le cabinet a voulu nous convaincre de leur effort sur les salaires car ils maintiennent les mesures déjà prévues alors que certaines personnes voulaient les remettre en cause. Selon le cabinet, les conditions de travail des AESH ont été améliorées ces dernières années grâce aux mesures prises par le gouvernement précédent. Ces propos hors sol ont suscité la colère de toutes les OS présentes, qui ont pointé la réalité des conditions de travail des personnels, l’intensification du travail, le déclassement salarial, la précarité des AESH, les effets des dernières mesures sur la pause méridienne.
Plusieurs organisations dont la FSU ont pointé la nécessité de sortir des visions de court terme et d’engager des lois de programmation pluriannuelle sur les salaires et les postes.
Le cabinet a fini par répondre que sur les postes, tout dépendait maintenant du débat parlementaire et que le ministère était prêt à rouvrir l’agenda social sur les questions de rémunérations, de carrière et de conditions de travail, ce que nous avons acté mais le cabinet n’a pas répondu quand on fait remarquer que les 4000 suppressions d’emplois vont avoir un impact sur les conditions de travail.
Nous avons été très désagréablement surpris en sortie de réunion d’être interrogés par les médias sur des propos et des annonces qui n’ont pas été tenus pendant la réunion ! Le ministère a ainsi vanté auprès des journalistes des annonces sur les AED ou les CPE, alors que ces mots n’ont jamais été prononcés. Ils ont également annoncé aux journalistes des hausses de rémunération sur les milieux de carrière (de 150 à 350 euros nets par mois pour plus de 100 000 professeurs d’ici 2027), alors que ces propos n’ont pas été tenus en réunion. Nous avons tenu une intersyndicale en sortie de réunion, et nous avons confronté nos notes pour bien constater que ces annonces n’ont pas été faites ! Nous avons décidé d’un tweet intersyndical (toutes les OS font le même tweet) faute de temps pour faire un communiqué immédiat. Par ailleurs, nous avons convenu de faire une déclaration commune sur les questions budget, choc des savoirs, dialogue social à l’entrée de la multi de lundi avec la ministre et de proposer une adresse intersyndicale sur le budget de l’École à tous les parlementaires hors RN.