Colloque sur les écoles rurales à Larreule : Un succés du débat démocratique.

 

 

Dans la suite des colloques sur les écoles rurales organisés par le SNUipp-FSU depuis 2015, ce sont près d’une centaine de personnes qui se sont déplacées une nouvelle fois à Larreule ce mardi 4 octobre 2022 pour débattre de l’avenir des écoles du secteur Adour-Madiran (une précédente réunion avait eu lieu le 16 janvier 2018).

La signature d’une convention établissant « un territoire éducatif rural sur la communauté de communes Adour-Madiran » (TER) par le président de la CC, Monsieur Ré, (ainsi que par le Directeur Académique, le Préfet et le Président du Conseil Départemental) est à l’origine des inquiétudes de la population concernée. Ce dispositif prévoit en autre de réorganiser le réseau scolaire du 1er degré en regroupant les classes de CM1-CM2 des villages de Labatut Rivière, de Lahitte-Toupière et de Soublecause sur le collège de Maubourguet afin de « sauver » le collège qui voit ses effectifs en baisse. Cette décision aurait un impact direct sur 4 RPI et 8 communes :

  • Soublecause-Lascazères qui verrait l’école de Soublecause fermer et Lascazères devenir une classe unique sans CM
  • Labatut-Rivière qui perd ses CM et qui ne scolarisera que les élèves de la maternelle au CE2
  • Lahitte-Toupière qui scolarise les CM et qui fermerait. Un nouveau RPI serait envisagé avec Larreule, Caixon, Sombrun et Vidouze.

La forte participation des parents d’élèves, des enseignants, des élus et des citoyens à cette réunion est à l’image des inquiétudes que ce projet déclenche dans les communes d’Adour-Madiran.

Le SNUipp a rappelé à la salle que ce projet n’était pas issu de nulle part mais faisait partie d’un plan national décliné depuis 2016 sous l’appellation de « conventions ruralité », garantissant aux communes faisant le choix de « restructurer leur réseau d’écoles » un moratoire sur les suppressions de postes d’enseignants. Afin de ne plus voir les classes fermer les unes après les autres dans les villages, les élus étaient fortement invités à déléguer la compétence scolaire à la Communauté de Communes, ce qui revenait de fait, à remettre entre les mains du Président de la CC ladite « restructuration » en liaison avec la préfecture et l’Inspection académique.

Ainsi, pour des CC comme celle d’Adour-Madiran, les projets du Directeur Académique fin 2018, ne concernaient pas moins que 9 RPI sur 11 avec autant de fermetures d’écoles à la clé. Certes, il ne fallait y voir qu’un document de travail et de réflexion. Sauf que des fermetures ont déjà eu lieu (Castelnau-Rivière Basse), un RPI à direction unique a vu le jour et ce TER n’est que la poursuite des objectifs énoncés en 2018.

Malgré les dénégations des élus promoteurs de ce dispositif, les parents d’élèves et les élus des villages ont clairement dit ne pas croire une seule seconde que si cette expérimentation était mise en place, un retour en arrière serait possible : les écoles fermées ne rouvriront pas.

Comment ne pas écouter les parents et les maires qui mettent en avant le confort des enfants avant les économies de structure : temps passé dans les transports, heure des levers des jeunes enfants, confort de vie des élèves dans ces petites structures…Il ne faut pas négliger non plus le fait que l’implantation d’une école dans un village est un facteur important d’organisation du territoire et d’installation de nouvelles familles.

Si l’ambition de restructuration semble bien improbable à réaliser (heureusement), elle indique incontestablement la voie que vont suivre les Inspecteurs d’Académie passé, présent et à venir.

Des questions restent à cette heure sans réponse : où est l’intérêt des élèves ? En quoi les concentrations d’écoles proposées sont-elles meilleures au niveau pédagogique ? Pourquoi les grosses structures seraient-elles plus bénéfiques aux élèves que les petites structures ? Pour rappel, les études menées par l’Observatoire Education et Territoire montrent que les résultats sont meilleurs, à milieu social équivalent, dans les petites structures scolaires.

Comme nous en avons donné l’exemple ce mardi soir, l’organisation des territoires ruraux ne peut pas être le choix de quelques élus et hauts fonctionnaires mais bien faire l’objet de discussion et de débat entre tous les citoyens concernés.

Sylvette Le Moal